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Devoir de mémoire, modernité et avenir

Histoire et Mémoire

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05/09/2022



La lecture approfondie de l’article récent consacré aux télécommunications en Gendarmerie m'amène à écrire quelques lignes. L'auteur a résumé, autant que faire se peut, l'histoire d'une évolution voire d'une révolution technique modifiant les habitudes en accroissant l'efficacité.

Retracer une longue période laisse toujours des zones d'ombre volontaires ou non. C'est pourquoi, ayant vécu plusieurs phases de l'aventure au vingtième siècle, je veux témoigner d'éléments permettant de comprendre les raisons du succès. En effet, avec l'élan donné par le « place calcul », engagement fort de l'exécutif à la fin des années soixante, la Gendarmerie, « vieille dame », a accepté de se donner les moyens de moderniser ses méthodes de travail. Pour apprendre un nouveau vocabulaire, la Direction de la Gendarmerie et de la Justice Militaire (DGJM) a engagé un cabinet d'études sous couvert de l'armée de terre qui « contrôle » son budget et désigné une poignée d'officiers pour rédiger le « plan d’automatisation de la gendarmerie nationale ». Une fois adopté par les plus hautes instances de l'État, ce guide en plusieurs volumes rassemblera tous les domaines susceptibles d'être « automatisés » (gestion des personnels, de l'immobilier, du matériel, la police judiciaire, la circulation routière, le renseignement, l'activité des unités).

Les bases étant posées et les premiers gros investissements obtenus de haute lutte sous l'égide du directeur général, monsieur PÉRIER, la voie est ouverte pour déclencher une affectation massive d’officiers, de quelques sous-officiers et de scientifiques du contingent. Ces nouvelles « troupes » trouvent place dans le fort de Rosny-Sous-Bois dans une entité de la direction générale, la section organisation méthodes et informatique (OMI) rattachée au bureau budget-structures. Elle sera l'ancêtre du bureau OMI puis de la sous-direction des télécommunications et de l'informatique avec l'intégration du bureau des transmissions. Les études complémentaires en liaison avec le centre électronique de l'armement de la DGA et les progrès technologiques confirment la nécessité, pour faire simple, de ne plus séparer les fichiers et la façon de les consulter.

Les évolutions techniques aidant, c’est ainsi que nait le réseau « saphir » filaire puis radio. Celui-ci innovant et unique au monde à cette échelle, utilise la transmission de données sur voie radioélectrique permettant d'échanger des messages sécurisés depuis et entre 3600 unités territoriales et tous les échelons hiérarchiques y compris la gendarmerie mobile et les gendarmeries maritime, de l'air, de l'armement, des transports aériens. Ce nouvel outil sert naturellement à interroger des fichiers centraux depuis des véhicules. 

L'engouement qui se traduit dans le langage des unités par l'expression « fais-moi un saphir » ainsi que l'augmentation des besoins opérationnels imposent une puissance accrue. Ce fut le réseau Rubis appuyé sur une technologie française ayant donné naissance à la norme Tetrapol exportée par Matra-communications puis par Airbus au profit de services de sécurité dans plusieurs pays.

Comme le rappelait notre directeur général lors de la dernière réunion conviviale et très instructive des officiers généraux (2S), la Gendarmerie continue d'évoluer et essaie de conserver une vision tournée vers l’innovation. Nul ne peut imaginer d'accomplir ses missions sans s'appuyer sur la télématique. 

C'est pourquoi, pour conclure, je tiens à remercier ceux qui ont décidé de s'engager puis de poursuivre cette modernisation. J'ai cité supra un directeur général mais je n'oublie pas que les deux mandats de monsieur BARBEAU ont été capitaux. Grace à la clairvoyance du directeur adjoint, le général LEPOIVRE, et à l'indépendance budgétaire progressive vis à vis de l'armée de terre, des choix parfois douloureux et courageux ont été faits, confirmés ensuite par monsieur DINTILHAC. Ces grands décideurs ont fait confiance aux officiers et sous-officiers totalement investis dans le projet. Des opposants ou plutôt des incrédules ont pu dire : « des terminaux dans des véhicules, c'est du domaine du rêve mon capitaine » ; plus tard, ils applaudissaient.

En rappelant les premières étapes, il ne faut surtout pas négliger le facteur humain et l'importance des choix initiaux effectués par la direction générale juste après les événements de mai 68. Ainsi entre 1971 et 1975, ce sont quatre OCD, deux OTL et deux OR de la promotion Le Flem qui se sont retrouvés entourés par de nombreux autres officiers dont un polytechnicien et des dizaines de sous-officiers (programmeurs, installateurs, formateurs). Avec le recul, imaginez tous les stages à payer, les logements à trouver, un statut à créer et des locaux spécifiques à réaliser). 

Comme tout écrit qui engage son rédacteur, j'avoue qu’un brin de nostalgie a guidé ma pensée avec le véritable plaisir de voir que « l'aventure » continue et mieux élargit son horizon.


Général (2S) Robert BERNARD, 73ème promotion "Général Le Flem" 1968- 1969



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